Nous avons le plaisir d'annoncer la parution, aux éditions des Belles Lettres, de l'essai de François Dingremont, spécialiste des épopées grecques et membre du du REARE. L'ouvrage peut être commandé auprès de l'éditeur ou en librairie. La table des matières est disponible sur le site de l'éditeur sur la page présentant l’ouvrage.
| François Dingremont L'Odyssée des plaisirs Préface d'Alain Supiot Paris, Les Belles Lettres « Essai » No 27 2019. 210 p., broché, 16,3 × 23 cm. EAN13 : 9782251449890. 23,50 € |
L'ouvrage
Autonome, inventif, persévérant, la tradition classique fait d’Ulysse un idéal d’humanité tourné tout entier vers l’accomplissement de sa mission et la perfection de soi. Mais cette lecture laisse dans l’ombre toute la « matière anthropologique » que l’Odyssée transforme en récit épique, à savoir l’attachement ambivalent de l’homme au plaisir.
Car l’Odyssée est bien l’épopée des plaisirs. La réussite d’Ulysse ne repose pas sur des choix rationnels guidés par la maîtrise de soi et des autres. Ulysse polutropos, complexe, insaisissable, parvient à ses fins parce qu’il s’appuie sur les effets que produisent ses récits ; il est efficace car il plaît et prend un plaisir immodéré à plaire.
Culturellement exceptionnelle, l’Odyssée contredit l’idée profondément ancrée dans la pensée occidentale selon laquelle le plaisir serait assimilé au seul souci de soi. Dans l’Odyssée, le plaisir peut provenir de l’insouciance dangereuse de l’oubli (les Sirènes), de l’obéissance aux recommandations (Circé), de la soumission à une épreuve (signes de reconnaissance de Pénélope), de la confusion physique et intellectuelle. Cette désorientation causée par le plaisir est potentiellement destructrice. Elle est aussi, pour Ulysse, la possibilité d’une intelligence augmentée, acquise dans la fréquentation d’êtres et de lieux qu’il ne maîtrise pas.
Anthropologiquement fécond, cet essai interroge le sens de l’efficacité dans un univers changeant et imprévisible. Il met en lumière différents aspects de la pensée classique délaissés par la tradition des Humanités, comme le lien entre intelligence et plaisir, le rapport à l’altérité, ou encore le désir de chacun de nous de ponctuer son existence de mots, de récits et de fiction.
L'auteur
Formé dans le domaine de l’Esthétique et de l’Anthropologie religieuse, François Dingremont est spécialiste des épopées grecques. Il a publié une quinzaine d’articles dans différentes revues et a été résident de l’Institut d’études avancées de Nantes en 2016-2017. Il co-anime le séminaire « Anthropologie Générale et Philosophie » de l’EHESS et est formateur à l’Institut National d’Expression Création et Art-Thérapie (INECAT).