Appel à communications pour le colloque de Niamey

Appel à communication  
Colloque international : « Entre séduction et violence : l’épopée courtoise »
Université Abdou Moumouni de Niamey, 13 et 14 septembre 2017

Après l’organisation de deux colloques internationaux du REARE en 2005 et 2010 portant sur les traditions épiques africaine et européenne, le Niger accueillera en septembre 2017 une 3ème rencontre dont le thème est intitulé « Entre séduction et violence : l’épopée courtoise. »

Le thème de la courtoisie a été développé dans plusieurs genres au cours des siècles. Ainsi retrouve-t-on le roman courtois, le théâtre courtois et l’épopée courtoise.

Le roman courtois met en scène des personnages qui sont aussi des guerriers, au sens où ils sont amenés fréquemment à combattre, mais qui mettent leur valeur d’abord au service de leur gloire personnelle. Ils appartiennent à une communauté (chevaliers de la Table Ronde, lignage), mais n’en sont pas d’abord les représentants. Leur valeur guerrière est mise au service de ceux qui ne disposent pas de la force, notamment les femmes, dont ils sont les défenseurs naturels et parfois les amants ; les personnages féminins ont donc une importance considérable et, lorsqu’ils sont présentés dans la fidélité à l’idéologie transmise par la lyrique des troubadours, ils se présentent comme l’objet longtemps inaccessible d’une quête amoureuse, soumettant le héros masculin à de nombreuses épreuves. Par ailleurs, l’itinéraire du héros de roman courtois est commandé par la quête et aussi par la rencontre d’aventures qui le révèlent à lui-même et aux autres. Ainsi retrouve-t-on les thèmes suivants :

  • La séparation : En raison des risques encourus par les guerres incessantes, de leur durée, ainsi que de l’éloignement que celles-ci engendrent, la séparation entre amants est parfois durement ressentie. Plus d’un jeune chevalier espère au moins connaître une fois l’amour, avant de partir en terre lointaine affronter la mort ;
  • Les regrets de la bien aimée : L’effervescence des préparatifs du départ, ne rend pas toujours possible une entrevue intime avec la belle, il arrivait qu’elle en conçoive bien des regrets ;
  • Le souvenir de la bien aimée : Le chevalier peut aussi partir en guerre après avoir reçu de sa Dame quelque objet lui appartenant, susceptible de rendre son souvenir toujours vivace, tel une bague, un mouchoir ;
  • Le temps contre la fidélité : Il arrive également que compte-tenu de l’éloignement et de la durée, la dame aimée soit mariée contre son gré ou qu’une beauté étrangère trompe la solitude du chevalier, au point de s’en faire aimer ;

 
Devoir et amour : Comme on le voit, la passion amoureuse peut influer sur la destinée des êtres et mettre en évidence une fatalité qui planera sur leurs relations. Ce qui fait que parfois, devoir et amour se posent souvent en termes d’incompatibilité. L’adultère est célébré et impose des épreuves telles que surmonter des obstacles, accomplir parfois de véritables prouesses, voire braver des interdits qui exposent le chevalier aux regards indiscrets et aux oreilles attentives et le risque de voir divulguer tôt ou tard leur amour secret.

L’épopée, elle, met en scène des héros guerriers, qui agissent au nom d’une communauté soudée par la foi religieuse, la fidélité à un chef ou à un lignage (les trois références pouvant être dissociées) ; leurs exploits sont présentés sur le mode de la célébration à la fois lyrique et narrative dans une suite de strophes monorimes ; ils sont communiqués à un public d’auditeurs par un récitant chanteur. En ce qui concerne l’épopée, on rencontre surtout la courtoisie entre la séduction et la violence. L’amour étant le pendant de la guerre, il est tout naturel que la femme devienne le second pôle d’intérêt et donc apparaisse plus souvent dans la littérature, avant de devenir « le centre de préoccupations des chevaliers » ou des tieddo.

Au nombre des épopées traditionnelles qui circulent au Niger, au Burkina Faso et au Mali, on notera  Lobbo Janngo, Awli Jawando et Mamudu Jawando, Sombo Soga. En France, on notera également des « chansons d’aventures » comme Beuves de Hamptone ou la chanson de Mainet (histoire des enfances de Charlemagne), la Chanson de Roland, la Chanson de Guillaume ou la partie la plus ancienne de Raoul de Cambrai, Otinel, Huon de Bordeaux ou le texte occitan de Roland à Saragosse que la relative porosité entre épopée et roman donnerait à étudier. Ces quelques exemples montrent bien que dans de nombreux textes des éléments courtois, d’importance et de forme diverse, trouvent place en étant associés à la relation entre des héros masculins et des héros féminins. Une recherche s’intéressant à d’autres réalisations épiques que la chanson de geste (sans exclure cette catégorie) pourrait donc s’articuler autour des questions suivantes, dont certaines se recoupent sans doute :

  • Quels liens s’établissent entre projet collectif (action d’un héros au service d’une communauté) et projet individuel (conquête de la gloire, conquête d’une femme) ?
  • La séduction : qui, de l’homme ou de la femme, l’exerce ? De quelle manière ?
  • Quel rapport s’établit entre valeur et exploits guerriers et naissance de l’amour, chez l’homme et chez la femme ?
  • Peut-on parler d’amour passion dans l’épopée ?
  • L’union entre héros et héroïne résulte-t-elle d’un amour réciproque, ou bien s’agit-il d’une conquête, analogue à la conquête guerrière ?
  • Des épreuves sont-elles imposées, et par qui  (quel est le personnage dominant ?)
  • Quel type d’exploit est associé à la réalisation de l’union amoureuse ?

Organisateurs :

  • Département de Lettres, Arts et Communication de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Abdou Moumouni de Niamey.
  • Réseau Eurafricain de Recherche sur l’Epopée (REARE).

Comité scientifique :

  • Pr émérite Jean-Pierre MARTIN, REARE ;
  • Pr émérite François SUARD, REARE ;
  • Pr Amadou LY, Université Cheik Anta Diop de Dakar
  • Pr Emmanuel MATETEYOU, Université de Yaoundé ; 
  • Pr Alain SISSAO, CNRST de Ouagadougou ;
  • Pr Ousmane TANDINA, Université Abdou Moumouni de Niamey ;
  • Pr Abdoul Aziz ISSA DAOUDA, Université Abdou Moumouni de Niamey.

Modalités de soumission de proposition :

Veuillez nous faire parvenir votre proposition de communication (maximum 300 mots, sans notes ni bibliographie) ainsi qu’une courte notice biographique incluant votre nom, votre affiliation et votre adresse courriel avant le 30 mai 2017 à l'adresse électronique suivante :
akindo2002@gmail.com
 

Date de Notification d’acceptation : 30 juin 2017.

 

Dates du colloque : 13 au 14 septembre 2017.

 

Date limite de réception des textes pour la publication des actes du colloque : 30 novembre 2017.

 

Langues du colloque : français, anglais.

 
NB : Les actes du colloque seront publiés en hommage à notre regretté collègue feu le Professeur Bassirou DIENG de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.